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Claude Lachapelle

  L'auguste navire

 

C'était un grand bateau d'ébène,

Vaste comme un iceberg géant;

Sa coque telle un diamant

Causait l'aversion des baleines.

 

Ne craignant nulle déferlante

Il défiait flots et torrents

Fracassant mers et océans

Comme une voile conquérante.

 

De sa balustrade orangée,

Il guettait les eaux écumantes

D'un vilain Neptune enragé

Déchaînant ses folles tourmentes.

 

Ô, dans un déluge de rage,

Un ballant tangage survint

Et offusqua ce titan vain

Provoquant un fortuit ancrage.

 

Se croyant l'arche de Noé,

Il sonna sa brève sirène,

Éclaira sa lourde carène

Avec courage et dignité.

 

Hélas, sa foi de batelier

Ne put braver le tsunami

Qui le coula et l'engloutit

Dans un fol abysse oublié.

 

Un jour, mon vaisseau d'or usé

Affrontera une tempête

Sur les océans des poètes

Et noiera mon âme enlisée.

 

      L'érable noir

Je suis un arbre odieux, l'agrile a dû m'atteindre;

Ne buvez point mon eau aux arômes charnels,

Car vous serez promu au malheur éternel;

Ma sève est un venin dont la mort ne peut feindre.

 

Ô! ne me taillez pas tel un vieux baliveau; (1)

Voyez ma détresse dans mes écorces saures, (2)

Voyez mes racines s'essoucher par le sort;

Ne m'achevez point comme on abat les chevaux.

 

Je suis l'érable noir qui suinte du dehors;

Ne buvez pas mon eau aux séquelles cruelles,

Mon sirop est âcre d'un goût inusuel;

Misérable et vide, j'anticipe la mort.

 

Ô! ne me fauchez point tel un frêle arbrisseau,

Voyez mon désespoir par ces feuilles absentes;

Voyez mes branches nues aux allures pleurantes:

Une larme de sang s'écoule dans mon seau.

 

 

        1) (sylviculture) arbre non ébranché

        2) (figuré) Sec et desséché

 

S’aimer sous le gui

Elle a pris ses armes
Pour m’anéantir,
J’ai largué mes larmes 
Pour ne plus souffrir.
J’ai semé mes pleurs
Dans un jardinet,
Il poussa des fleurs
Mornes sans reflet.

 

Dans un cœur aimant,
Serait-on fautif 
Ou tout simplement
Un peu trop naïf ?

 

J’ai cru en l’amour
Et aussi en elle,
Je fis un détour
Sans heurt sans querelle.
J’ai planté le gui
Au bout de mon champ,
Il en est sorti
Un cygne et son chant.

 

Dans un cœur aimant,
Serait-on fautif 
Ou tout simplement
Un peu trop naïf ?

 

      Copyright (c) poésie-claude-lachapelle-2013